JOURNAL DE BORD DU CIRCUIT MAROCAIN DE 10 TRIUMPH EN OCTOBRE 2019
9 Septembre 2019
Vivre sans admirer m'a toujours paru le pire des déserts.
Des paroles adaptées à nos Anciennes (cette chanson date de 1938).
Une prise de vue insolite que Jean-François a réalisée hier en revenant d'Aït Benaddhou. Qu'est-ce ? Réponse demain !
Notre 10ème étape met le cap de nouveau à l'est toute, bienvenue dans le Haut-Atlas. Cette très haute barrière montagneuse s'allonge sur 700km depuis l'océan atlantique jusqu'au plateau oriental.
Sur cette distance, 4 routes seulement permettent de traverser ce massif calcaire, et 3 d'entre elles doivent franchir des cols à plus de 2000m. Il y a 2 ans, nos vaillantes Triumph avaient vaincu le Tizi-n-Tichka (2260m) avec panache et sans bobos ! Alors aujourd'hui, gravir le Tizi-n-Taddert devrait n'être qu'une formalité pour elles et pour la Spit, petite nouvelle courageuse parmi les "grandes", tout pareil.
Mais au fait comment se portent-elles nos montures ? Eh bien globalement, pas de soucis notoires, bon pied, bon œil ou plutôt, bons pneus et rétroviseurs OK, nettoyés comme chaque matin, avec amour. 
Cependant, pour ma part, je suis en surveillance continue, je chauffe !
A noter tout de même une visite hier matin chez notre garagiste préféré de Ouarzazate (là où Patrick avait fait réparer son radiateur il y a 2 ans) pour resserrer les joints du pot d'échappement de sa TR3.
Il fait doux à 7h du matin, 18°, je vous écris en débardeur et short depuis le patio de la Kasbah Zitoune devenue notre maison.
Avant d'attaquer cette journée, je tiens absolument à revenir sur la séance hamman d'hier. C'était une expérience unique à vivre pour un baptême, il a été réussi.
Nous fûmes badigeonnées de savon noir, puis malaxées efficacement par des mains de fer avec un gant simili crin, avant d'être massées sur tout le corps partout avec la même énergie. Moralité : un pur moment de bonheur partagé avec des femmes marocaines et leurs filles qui ont bien ri de notre ignorance ...et une peau douce, douce, douce !
Avant de quitter la Kasbah Zitoune, photo souvenir avec la maîtresse de maison à qui nous avons offert saucisson et camembert à sa plus grande joie.
Tiens aujourd'hui, je prends une journée de congé et décide de laisser la parole à la représentante des 4 roues… C'est intéressant d'avoir leurs impressions. Contact, c'est parti !
Au revoir Claudie Zitoune, le parking de votre maison d'hôtes était parfait pour nous. Et vous les avez gâtés nos passagers, ils ont l'air content des 2 grosses boîtes de dattes que vous leur avez données.
OUARZAZATE>TINGHIR/176km
Bonjour à tous les lecteurs et lectrices.
Je me présente, je m'appelle Spitfire 1500, et les autres Triumph m'ont désignée à capot levé pour être leur porte parole et votre narratrice d'un jour, pour la simple et bonne raison que je suis la plus jeune d'entre elles et la dernière arrivée au TCF.
Alors, de l'indulgence, car rouler, je sais faire, mais raconter est un exercice que je n'ai encore jamais pratiqué dans mon existence.
Allez, je démarre !
En quittant Ouarzazate, mes copines et moi étions toutes contentes de longer le lac du barrage El Mansour, cela nous rafraîchit de voir autant d'eau (4500ha et 560000m3 qui permettent d'irriguer 800000 palmiers de la vallée du Drâa et 14000a de culture). C'est ma "maman" Colette et Danielle, sa copilote, qui l'ont lu dans le roadbook.
Ensuite, nos roues nous portent jusqu'à Skoura, que nous traversons sous le regard toujours bienveillant des habitants.
Avant de repartir, je tiens à vous faire partager une courte vidéo qui montre la solidarité des habitants de Skoura pour se répartir l'eau d'irrigation des nombreuses cultures de la palmeraie. Ca me rappelle la solidarité de tous nos "papas" quand l'une d'entre nous "bat de l'aile". Mais je touche le bois de mon tableau de bord, on va plutôt toutes bien, même si je continue à avoir des bouffées de chaleur, on repart, chacune au quart de tour. Si j'avais su ce qui m'attendait.
Dès la sortie de Skoura, nous attaquons d'un bon pneu la vallée du Dadès ou "vallée des 1000 kasbahs et ksour", encore une ! Je prends mon souffle, car une légère grimpette s'annonce, le Tizi-n-Taddert (1370m) et en haut, clic clac, mes copines et moi posons un peu plus loin pour une "commémo" : le 2ème anniversaire de la panne de durite de frein de ma "pote", la TR3 bretonne. Le jeune propriétaire du café nous a reconnu ? Ils avaient tous l'air content de se revoir.
Ensuite roue libre pour la descente jusqu'à El-Kelaâ M'Gouna, la ville des roses. 5000 tonnes de pétales sont traitées chaque année dans les 2 distilleries de la ville. Les boutiques de produits dérivés de la rose fleurissent… France 2 a même consacré une émission sur le festival annuel de la rose qui clôt la cueillette, c'est au bout de ce lien :
https://www.youtube.com/watch?v=LHwkw3scYBs
24km de goudron bien lisse sous nos pneus, quel régal jusqu'à Boumalne, une cité qui ne présente aucun intérêt mais réputée parce qu'à cet endroit débutent les célèbres gorges du Dadès.
Les sillonner jusqu'à Msemrir revient à faire 115km aller et retour via une route parfois délicate à négocier comme cette brève mais vertigineuse montée en lacets (appelée "tissadine" ou serpent), 200m de dénivelé depuis le bas du canyon jusqu'à son sommet. Après conciliabule, toutes les copines et leurs passagers prennent l'option "gorges".
On me fait une réparation de fortune, je perdais mon pot….
Et on m'ausculte car je chauffe de plus en plus….
Pour la pause déjeuner, nos pilotes choisissent un endroit idyllique, l'auberge berbère qui possède un parking ombragé sous les bouleaux, en plain cœur des gorges. De quoi faire une sieste pour nous et de se régaler pour eux avec salade et omelette berbères servies en terrasse.
Ouf, j'en ai plein les pneus lorsque je retrouve Boumalne, notre point de départ, et dans une côte, je suis tellement essoufflée que je m'arrête. Tout de suite, les autres font de même et durant plus d'une heure, mon médecin personnel, Michel, aidé de ses assistants essaient de me guérir car le diagnostic est tombé : mon circuit de refroidissement est encrassé.
Pendant que les mécanos s'affairent, nous discutons à bâtons rompus avec des petits Marocains qui sortaient de l'école
53km plus loin, j'arrive fourbue à Tinghir tard dans l'après-midi, et mes compagnes de voyage aussi, mais des images plein les rétroviseurs et les phares. A vrai dire, on ne regrette pas, les paysages étaient splendides.
Allez, une dernière grimpette pour rallier l'hôtel Saghro où tout le monde est content d'arriver.
Il faut dire qu'il domine un véritable écrin de palmiers, l'oasis de Tnghir est l'une des plus vastes du Maroc. L'infatigable Michel me nettoie le circuit de refroidissement de fond en comble. Verdict, demain matin
La réalité est différente, l'hôt est vieillot et mal entretenu
Enfin, après mon opération, on me laisse capot ouvert pour la nuit !
Nous ne nous sentons pas seules car nous partageons le parking avec des 4X4, des modernes, et un autocar, 2 minibus ...mais vu notre grand âge, on nous a réservé les emplacements.
Bon, je vous laisse, j'ai été ravie de vous raconter mes aventures. Ils sont tous en train de diner, un buffet sans âme de cuisine internationale, et comme d'habitude, ça a l'air de bien se passer, on entend fuser des discussions animées et des rires.
Bonsoir à toutes mes consœurs en France et à leurs équipages.
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